Je me suis souvent retrouvé à réfléchir à l’intrication quantique, un phénomène fascinant où deux particules, une fois intriquées, semblent liées de manière instantanée, quel que soit l’éloignement entre elles. Ce phénomène semble défier notre compréhension traditionnelle du temps et de l’espace. Cependant, une question me trotte dans la tête : pourquoi est-ce que, malgré cette influence instantanée entre les particules, on continue à insister sur le fait que l’intrication ne constitue pas une forme de communication ? Est-ce que ce n’est pas un biais cognitif de considérer que l’absence de prévisibilité dans le résultat de la mesure rend cette interaction “non-communicative” ?
L’intrication, c’est cette relation où l’état d’une particule affecte immédiatement l’état de l’autre, même si elles sont à des distances colossales l’une de l’autre. On dit souvent que ce phénomène est “non-communicatif” parce que les résultats des mesures sont aléatoires, et qu’on ne peut pas les contrôler. Mais voilà, c’est là que réside, à mon avis, un biais important dans notre raisonnement.
En effet, le fait que l’état de la seconde particule soit instantanément déterminé dès qu’on mesure la première, ça ne peut pas simplement être ignoré comme une simple corrélation statistique. Si une particule influence instantanément l’état de l’autre, cela signifie bien qu’il y a une interaction. Oui, cette interaction est aléatoire, mais elle est néanmoins réelle. C’est là que le biais cognitif entre en jeu. On se dit : “si ce n’est pas utile pour transmettre un message codé, alors ce n’est pas de la communication.” Pourtant, ce raisonnement ne tient pas compte du fait qu’une forme d’influence instantanée existe bel et bien.
En fait, l’aléatoire ne nie pas l’existence de l’interaction. C’est une idée profondément ancrée dans notre compréhension du monde que pour qu’il y ait communication, il faut qu’il y ait un échange contrôlable, prévisible, et qu’une information soit envoyée de manière codifiée. Mais cette vision est trop limitative, trop humaine, trop ancrée dans notre façon classique de concevoir l’information. La communication à l’échelle quantique semble se produire indépendamment de nos attentes conventionnelles.
Ce biais cognitif me paraît encore plus frappant quand on le place dans le contexte plus large de la physique quantique. Beaucoup de ses phénomènes, comme l’intrication, échappent à notre compréhension classique et semblent défier les principes de la relativité restreinte, mais cela ne signifie pas qu’ils ne sont pas réels. En refusant de voir l’intrication comme une forme de communication, simplement parce qu’elle est aléatoire et incontrôlable pour nous, on risque de passer à côté de l’essence même de ce phénomène.
Je crois qu’il est possible qu’une “communication quantique” existe, mais sous des formes que nous n’avons pas encore appréhendées. L’aléatoire n’annule pas l’idée de lien entre les particules ; il modifie simplement nos attentes vis-à-vis de ce lien. La véritable question, peut-être, est de savoir si, au-delà de nos limitations cognitives et des outils dont nous disposons, il existe une autre manière d’interpréter cette connexion instantanée entre particules.
Olivier Dusong
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