La distinction entre métaphysique et science est souvent présentée comme évidente : la science se concentrerait sur ce qui est mesurable, vérifiable et tangible, tandis que la métaphysique explorerait des questions abstraites, spéculatives et souvent inaccessibles à l’expérience. Pourtant, en y réfléchissant, je trouve que cette frontière est aussi poreuse qu’artificielle, surtout lorsqu’on examine les fondements des grandes théories scientifiques et leur lien avec des questions métaphysiques essentielles.
D’abord, je constate que toute démarche scientifique repose sur des hypothèses. Ces hypothèses ne naissent pas uniquement de l’observation empirique, mais aussi de spéculations sur la nature profonde de la réalité.
Par exemple, on sait que Nicolas Copernic est l’un des penseurs qui a bouleversé notre vision de l’univers. Au XVIe siècle, alors que le modèle dominant plaçait la Terre au centre de l’univers (géocentrisme), Copernic a proposé que le Soleil soit au centre, avec les planètes, dont la Terre, en orbite autour de lui. Ce modèle héliocentrique simplifiait la compréhension des mouvements planétaires, mais à son époque, il semblait presque hérétique et relevait davantage de l’intuition philosophique que de preuves solides.
Ce n’est qu’avec Kepler et Galilée que ses théories furent confirmées. Aujourd’hui, nous savons qu’il avait raison, mais son modèle montre bien comment des idées, d’abord spéculatives ou métaphysiques, peuvent devenir des fondements de la science.
En examinant l’histoire des sciences, je vois clairement comment la métaphysique et la science se nourrissent l’une de l’autre. Mais plus encore, je ne vois pas de différence entre un métaphysicien et un scientifique. Le métaphysicien fait des hypothèses qui s’appuient sur l’observation, mais il s’engage souvent dans des déductions spéculatives avant qu’elles ne soient infirmées ou confirmées. Le scientifique ne travaille pas différemment du métaphysicien ; les deux font exactement le même travail. On ne peut être un bon scientifique sans être métaphysicien, ni être un bon métaphysicien sans être un bon scientifique, car le métaphysicien tout comme le scientifique cherche à vérifier scientifiquement sa pensée.
La science sans la métaphysique n’est rien, et la métaphysique n’est rien sans la science. Ce sont deux disciplines qui rendent possible l’existence de la science, en font intrinsèquement partie, et aucune d’entre elles ne peut être omise. La science est profondément métaphysique de par sa nature, à vouloir comprendre la réalité, et la métaphysique est profondément scientifique dans sa perpétuelle quête de vérifier ses hypothèses par l’observation tout comme le scientifique.
Pour moi, le métaphysicien est donc un scientifique, et un scientifique est un métaphysicien, car il cherche à expliquer ses observations par des théories. Il n’y a pas de différence fondamentale entre les deux, car leur démarche est absolument scientifique avant tout.